Aujourd’hui, nous dédions ces lignes à une petite icône au parcours très inspirant : Marie-Louise Carven, une « Grande Dame » pour les Petites.
J'ai véritablement souffert d'un complexe. J'en ai délivré les femmes petites. Je mesure 1m55, j'ai des rondeurs et durant toute ma jeunesse, les femmes à la mode étaient si grandes, si longues, si minces.
Marie-Louise Carven, de naissance Marie-Louise Carmen de Tommaso est née le 31 août 1909 à Châtellerault. Fondatrice de l’ancienne maison de haute couture Carven, elle est surnommée « la plus petite des grands couturiers ». Pendant cinquante ans, elle dessinera plus de 20 000 pièces sublimant la féminité.
Une véritable autodidacte
Dès l’enfance, Marie-Louise Carven manifeste un réel attrait pour la mode. Elle commence à se confectionner des vêtements dès l’adolescence, à l'âge de onze ans. Pour la petite anecdote, elle réalise aussi des vêtements pour son chat, son plus fidèle animal de compagnie. Elle commence à étudier le design et l’architecture à l’École des Beaux-Arts de Paris pour devenir décoratrice d’intérieur. Du haut de ses 1m55, elle est jugée trop petite pour le monde de la mode. Elle se décrit « trop haute comme un trognon de chou ». Ne trouvant pas de vêtements à sa taille auprès des couturiers en vogue et se sentant délaissée, elle décide d’arrêter les Beaux-Arts pour se lancer dans l’entrepreneuriat et dans la haute couture. Véritable autodidacte, elle devient sa première cliente. Elle créé et met au point ses premières collections sur elle-même. Puis, elle commence à dessiner des robes pour ses amies et se fait connaître grâce au bouche à oreille : actrices, chanteuses et femmes de tout horizon seront mises en valeur par leur taille qu’elles jugeaient comme un défaut auparavant. De par ses études aux Beaux-Arts, Marie-Louise Carven garde le sens des proportions et connaît toutes les astuces pour allonger et embellir la silhouette des femmes de petite taille. Grâce à elle, beaucoup de femmes petites apprendront à s’aimer comme elles sont et à avoir confiance en elles. C’est la mission ultime de Carven !
Création de la maison de haute couture Carven
En 1945, elle fonde la maison de haute couture « Carven », qui n’est autre que la contraction de son prénom et des trois dernières syllabes du nom de sa tante dont elle a été très proche, Josy Boyriven, qui l'emmenait visiter les maisons de haute couture parisiennes. La première maison Carven s’installe à Paris, au 6 rond-point des Champs-Élysées, un lieu de prestige. Ce salon de couture deviendra le carrefour de l’élégance parisienne. Carven fait fureur avec sa robe « Ma Griffe », sa robe fétiche, réalisée dans une toile de coton rayée de vert herbe et de blanc. Ce vert deviendra par la suite le « vert Carven », emblème de la maison. Avec ses robes, elle met à l’honneur des tissus originaux et peu utilisés, tels que de la broderie anglaise, des cotons indiens, et des imprimés. Elle n’hésite pas à voyager pour trouver les plus beaux tissus. Elle aime jouer avec les volumes, les matières et les couleurs. Son éternelle bonne humeur et son style se ressentent dans ses créations. Elle y glisse "une touche de décontraction".
Les années Carven
Dans un Paris d’après-guerre, les Françaises, qui ont beaucoup souffert aspirent à l’insouciance et à la légèreté. C’est ce que Madame Carven va apporter. Elle « cultive la spontanéité et la jeunesse est son inspiration. Elle supprime les artifices dans ses créations, favorise le confort et l’aisance et réduit l’ornement. Le style Carven s’impose dans la rue comme dans les magazines de mode. »
Globe-trotter insatiable, la créatrice multiplie les voyages pour présenter sa mode. Elle réalise plusieurs tours du monde pendant sa carrière, exportant l’image de la Parisienne aux États-Unis, au Brésil, jusqu’au Moyen-Orient et en Asie. » Par ces voyages, elle réalisera des modèles aux noms exotiques, tels que « Loukoum », ou « Carioca ». Carven militait pour donner aux femmes petites le moyen de s’affirmer par le biais de la mode, leur donnant le goût de faire « exploser les couleurs et de mélanger les genres en ajoutant un zeste d’audace ».
En 1965, elle lance les « Carven Uniforms » qui habilleront de nombreuses compagnies aériennes. En 1974, la marque gagne le concours des Aéroports de Paris et créé les uniformes de l’inauguration de l’aéroport. En 1976, les athlètes français qui participent aux Jeux olympiques de Montréal sont même habillés en Carven.
Une référence pour les femmes petites
Madame Carven devient la spécialiste de la mode « petite taille ». Elle offre de précieux conseils aux femmes « petites ». Par exemple, « il faut fuir les carreaux géants, les grands imprimés, les décolletés en largeur, les manches bouffantes ». Aussi, elle déteste le total look noir, car « ça rapetisse encore plus ». Elle modernise la haute couture : « J'ai épuré au maximum, aboli les rembourrages des tailleurs, accentué la taille par des successions de pinces, mis la poitrine en valeur et fait plus court pour les rendre plus sexy » disait-elle.
Elle habillera de nombreuses petites icônes, telles que Edith Piaf (1m47) ou Michèle Morgan (1m63). Elle réalise aussi la robe de mariée d'Anne-Aymone Giscard d'Estaing, épouse du président de la République française Valery Giscard d’Estaing. Marie Louise Carven s'adressait à toutes. C'est sa vision moderne, enjouée et élégante de la mode qui a inscrit Carven parmi les plus grandes maison de Couture française.
De la haute couture au prêt-à-porter
Après 50 ans de création, Marie-Louise Carven se retire du monde de la mode pour se consacrer à sa passion qu’elle avait mise de côté : la décoration d’intérieur. Avec son deuxième mari, René Grog, grand collectionneur d’art, elle rassemble d’inestimables œuvres d’art. En 1973, ils en feront don au musée du Louvre. Elle confie ensuite la maison Carven au directeur artistique Guillaume Henry. En 2010, la marque Carven se consacre au prêt-à-porter pour toucher un public plus large. On assiste à des créations modernes et créatives. La première boutique de prêt-à-porter Carven est inaugurée en 2011 dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à Paris.
Ses dernières années
Marie-Louise Carven disparaît le 8 juin 2015, à l’âge de 105 ans. Elle laisse derrière elle, une empreinte dans le monde de la mode, ainsi qu’un fort patrimoine culturel. Cette grande dame est une véritable source d'inspiration pour les femmes petites, mais aussi pour les femmes de tout horizon.
Sources : Carven de Dominique Paulvé ; Site web officiel de la marque Carven